21 set 2011

FRA - L'heure des (premières) conclusions

L’heure du retour vers la terre ferme est arrivée et avec elle, celle des conclusions.


Alors, qu’est ce que ce voyage m’aura enseigné ?
D’abord il a transformé une intuition en certitude :
Je reste une bien piètre coéquipière. Je pourrais naviguer une vie entière aux côtés de Roberto, rien n’y changera. Mais au fond quelle importance ? Roberto ne cherche pas de co-équipier, il est si bien seul à la barre avec son toscano au coin des lèvres, à scruter l’horizon, en pensant aux prochaines améliorations techniques, rien à voir avec celle du confort de vie à bord bien entendu, qu’il pourrait apporter au bateau.

Ensuite ce voyage m’aura aussi amené à reconsidérer certaines de mes certitudes.
Par exemple se laver à l’eau de mer. Si cela correspond à l’idéal de vie des ayatollahs de l’économie d’eau tant mieux pour eux, mais très peu pour moi ! Voilà en substance dans quel état d’esprit je suis partie. Mais après quelques temps passés à naviguer dans des contrées où l’accès à l’eau était plus problématique, j’ai fini par éprouver un infini plaisir à me jeter à la mer pour me laver (puis rinçage à d’eau douce ensuite bien entendu). Comme quoi, tout peut être relatif dans la vie.

Ma conception de l’ordre et de la propreté a elle aussi été fortement révisée.
Au début du voyage, l’aspirateur était souvent sorti (au grand désespoir de Roberto pour qui la présence d’un tel objet représente une honte pour l’embarcation et son capitaine qui a eu la faiblesse de l’accepter).
Des traces de pieds par terre me rendaient hystérique et le contact de grains de sable ou de miettes sur les coussins m’insupportait au plus haut point. Je passais du temps à nettoyer et à ranger les affaires des uns et des autres alors que ces dernières n’avaient tout simplement pas de place attitrée. Les livres et jouets de filles ont fini par trôner de façon plus ou moins permanente sur la table du carré et les livres et jouets de leur père sur la table à carte.
Et puis, l’Afrique est passée par là ! Pas d’électricité donc pas d’aspirateur. Pas d’eau donc pas de nettoyage. Mon degré de tolérance au désordre et à la saleté s’est soudainement envolé. En quittant la France, il plafonnait à 1, il doit maintenant osciller entre degré 6 et 7 sur une échelle qui en compte 10. Au-delà, en revanche, sueurs froides et malaise continuent à me harceler que seuls des gants Mapa et un bon Cif peuvent soulager.

Ma famille et moi.
Je pensais que 16 mois passés avec enfants et mari 24h sur 24h enfermée sur le bateau me vaccineraient, qu’une fois rentrée à terre je n’aurais qu’une hâte, retrouver mon autonomie et mon indépendance. Mais malgré toutes les (nombreuses) fois où j’ai voulu passer Roberto par-dessus bord, tous les hurlements « libératoires » poussés sur les filles à ameuter les bateaux à plusieurs milles de distance, tous les hurlements poussés sur Roberto quand les filles m’énervaient trop mais je ne voulais pas m’en prendre à elles... Malgré tout cela et encore bien d’autre chose, aujourd’hui après avoir déposé les filles à l’école et laissé Roberto à ses recherches pour son prochain livre, je ressens un pincement au cœur et une certaine nostalgie d’une époque maintenant révolue durant laquelle nous n’étions q’1, un seul équipage embarqué à bord du Brancaleone.

Enfin, pour terminer car je ne peux pas faire ici une liste exhaustive de tout ce que voyage m’aura apporté, mais une réalité déconcertante s’est imposée à moi : le monde idéal n’existe pas.
Ce mouillage est sublime…….mais pris d’assaut par les « nonos » (des insectes microscopiques qui attaquent par vague, que rien n’arrête et dont les piqûres provoquent des démangeaisons insupportables).
Cet endroit est un havre de paix où on resterait bien volontiers quelques jours….. mais pas un magasin ou échoppe pour se réapprovisionner.
Ce port offre toutes les commodités …...mais il est complètement isolé, à des kilomètres de tout centre de vie.

Et oui, où que nous soyons allés, il y a toujours eu un mais. Plus ou moins important mais toujours là pour nous rappeler que le secret de la réussite de notre voyage résidait dans notre art à relativiser et à composer avec les « tous » et les « riens ».
De sorte qu’au final, le bilan est AMPLEMENT et PLEINEMENT positif.

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