Nous les attendions comme le Messie. Il faut dire que c'était d'actualité. D'abord, Anne et Benoit nous ont rejoints le 23 décembre à Ziguinchor en Casamance, juste à temps pour fêter Noël avec nous. Ensuite, depuis Valou et Ahmed à Alcoutim au mois de juin dernier, (mis à part mes parents aux Canaries), nous n'avions pas eu depuis d'autres amis à bord. Ajoutez à cela le père Noël qui fait savoir que cette année exceptionnellement il livrait pour les filles Ritossa à Toulouse et qu'Anne et Benoit devraient se charger de l'acheminement final des cadeaux jusqu'au Sénégal, et vous comprenez pourquoi depuis 2 mois nous ne parlons plus que de l'arrivée de « Annetbenoit ». Au point que Tea trop petite pour se rappeler d'eux en France, en était arrivé à croire que « Annetbenoit », c'est le prénom d'une seule et même personne. C'est ainsi qu'elle salue Benoit quand elle le voit pour la 1ère fois jeudi dernier à Ziguinchor : « bonjour Annetbenoit ! »
Ils sont donc vraiment attendus Anne et Benoit. Le mardi 21 décembre, malgré les intempéries à Paris, leur avion arrive à décoller (petit coup de pouce des « rennes du père Noël ») et les emmène jusqu'à Dakar. Anne nous appelle pour nous dire qu'ils prennent le 1er vol du jeudi, arrivée prévue à Ziguinchor à 9h. Le jeudi matin, j'appelle pour fixer le lieu de rendez-vous ; leur vol a été annulé, l'avion précédent est bien parti mais a fait demi-tour sans autre explication. Ils sont donc tous là à attendre de savoir quand sera le prochain vol. A midi, Anne m'annonce qu'ils ont enregistré leurs bagages. A 14h ils sont dans l'autobus qui doit les emmener jusqu'à l'avion, à savoir approximativement 20 mètres plus loin. A 15h30, ils sont dans le taxi qui les emmène jusqu'à nous. Nous fêtons nos retrouvailles au restaurant « le Perroquet », la bière coule à flot. Mais si Anne et Benoit ont réussi à nous rejoindre, il n'en ait pas de même pour leurs bagages (et donc les cadeaux de Noël, les livres et le Panettone que j'avais commandés à Anne et les cigares de Roberto) qui sont restés, eux, à Dakar. Ils devraient arriver par le prochain vol. Benoit est en quitte pour un nouvel aller/retour à l'aéroport où il récupère tous les bagages : OUF ! Noël et accessoirement les vacances d'Annetbenoit sont sauvés !
Les retrouvailles (version Anne & Benoît)
Franchement nous ne savions pas dans quel état nous allions les retrouver, les valeureux membres de la famille Ritossa. Nous avions suivi les premières étapes de leurs aventures sur le blog et, pour tout avouer, nous étions un peu inquiets : beaucoup d'informations sur l'état du bateau, les mouillages au Maroc, le système météo au large des Canaries. mais bien peu de nouvelles sur l'équipage, pas ou peu de photos des enfants, de la femme du capitaine et du capitaine lui-même. Aucune preuve de vie datant de moins de 3 mois !
Autant dire que durant les 12 heures de voyage qu'il nous a fallu pour les retrouver, nous avons eu le temps d'imaginer différents scenario : nous allions trouver une famille au bord de la crise de nerf ? Des enfants enfermés au fond de la cale ? Un équipage brulé par le soleil et affamé par des mois de privation ? Des enfants sauvages livrés à eux-mêmes ?
Nos retrouvailles au Perroquet, restaurant étoilé à Ziguinchor, avec vue imprenable sur le fleuve Casamance ont immédiatement permis de dissiper nos inquiétudes. Le temps d'un clignement d'oil et des images idylliques se sont substituées aux pires cauchemars que nous avions fantasmé. Aux portes du paradis nous avons été accueillis par deux anges blonds à la peau caramel. Cocktails multicolores, poissons à volonté, bières fraiches, sable chaud, douce brise rafraichissante, peaux bronzées et muscles saillants, cheveux blonds décolorés par le soleil, Bora, Tea, Daphné et Roberto incarnation de l'image du bonheur tropicale (ou presque). Nos premiers pas à bord ont confirmé que nos rêves étaient enfin exhaussés : des pots de Nutella géants, un réfrigérateur remplit de mets délicieux, la cale pleine d'alcools les plus fins, des poulardes, foies gras en prévision de fêtes majestueuses, jongleurs, cracheurs de feu, coffres remplis d'or, rivières de diamants, nains amusants agitant de petits éventails, manteaux de plumes d'oiseaux rares. Le bateau, une arche de luxe et de beauté.
« Benoît nous sommes arrivés ! » endormis sur la banquette arrière d'une 505 Peugeot parcourant son millionnième kilomètre, j'ouvrais un oil, chassais un cafard qui remontait le long de ma jambe et jetais un regard au chauffeur borgne qui réclamait le prix de la course. Anne ouvrit la porte d'un coup de pied et s'exclama « regarde, ils sont là, enfin les vacances commencent ! ».
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