25 feb 2011

que d'eau que d'eau la suite

encore quelques moments forts de notre traversée ( et pas encore la fin)
  
- ALLO, BONJOUR DOCTEUR … : une méchante sinusite me cloue allongée dans une cabine, incapable de faire quoique ce soit. Prise de contact par mail (merci Roberto et sa radio expérimentale qui émet et reçoit des e-mails même au milieu de l'océan) avec le CIRM, une veille médicale pour navigateurs en mer (commerce ou plaisance). Réponse dans la ½ h qui suit avec prescription médicale précise et rendez-vous dans 12 H pour suivi. Mais la malchance me poursuit car l'antibiotique à bord a expiré depuis 6 mois, notre pharmacie ayant déjà presque 2 ans. Dans mon désespoir, je tente quand même de le prendre mais sans aucun effet. Re- mail au médecin de la veille médicale qui confirme ce que nous pensions, qu'il faut se rabattre sur l'autre format disponible à bord, à savoir le format « pédiatrique ». Et me voilà tétant des pipettes entières d'Augmentin. Plutôt écœurant mais nettement plus efficace et cela va me permettre de tenir jusqu'à notre arrivée à terre.


- TEMPETE AVEC G.CLOONEY : quand, la dernière nuit, celle où on espère qu'il ne va rien se passer car on commence à être épuisé et qu'on est maintenant si près du but, je cherche à passer le temps, (pendant que Roberto somnole dehors), assise à l'abri devant la table à carte en faisant diverses simulations du type : le GPS indique une distance à parcourir jusqu'à destination de 50 miles, vitesse actuelle du bateau 6 nœuds, si on maintient la vitesse constante, à quelle heure devrions-nous arriver ? mais si le vent faiblit et qu'on descend à 4 nœuds quand on arrive à 15 miles de la côte, qu'en est-il alors ? Ces calculs sont complètement inutiles mais me tiennent éveillée. Je suis donc tranquillement perdue dans mes règles de 3, quand je sens dehors le vent forcir et le bateau qui accentue sa gîte. Je sors une tête dehors et je vois devant nous de gros nuages noirs bien menaçants. La pluie commence à tomber drue et réveille bien entendu Roberto. Les instruments de contrôle commencent à s'emballer et donnent plus de 30 nœuds de vent. Une rafale force encore davantage le bateau dans sa gîte. Et si cela finissait par déchirer une voile, arracher un hauban…. Je revois alors le film « the perfect storm » avec G. Clooney dans le rôle d'un capitaine de bateau pris dans LA tempête du siècle, et mes craintes ne font que s'amplifier. Roberto (mon George Clooney à moi) est debout maintenant. Soit la fatigue accumulée durant les 16 précédentes nuits de sommeil hachées, voire blanches, ont eu raison de lui soit la situation est sous contrôle car il affiche une certaine sérénité. J'opte bien entendu pour la 2ième solution. Le grain me semble durer une éternité et pourtant peu à peu, l'horizon s'éclaircit et le bateau se redresse progressivement. Retour à la normal, je fais part des angoisses qui m'ont hantée au plus fort du grain. Il sourit, pour lui aucune crainte, notre Sun Legend est bien à la hauteur de sa réputation, il s'est parfaitement tenu, même soumis à rude épreuve. Et puis, ce grain n'offrait que des avantages : la pluie a rincé le bateau du sel et du sable, les coups de vent améliorent notre vitesse moyenne et éloignent toujours davantage le risque de finir sans carburant. Franchement, un petit grain, à peine 30 nœuds de vent, perdus au milieu de l'océan atlantique, maintenant que j'y pense,c'est vraiment pas la mer à boire, n'est-ce pas George !

à suivre... 

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