21 lug 2010

FRA - La belle Cadiz

Que de surprises nous réserve le port de Cadiz. Tout d’abord son climat : alors que nous avons quitté Santa Maria avec l’impression de vivre dans une fournaise, ici malgré le soleil toujours aussi mordant, la brise marine rend l’air tout à fait respirable, Nous laissons sur l’autre rive le port de commerce (d’immenses porte-charges, containers et cargos en attente de chargement ou à peine déchargés, en provenance ou à destination du monde entier) et nous accostons dans un port de plaisance (plutôt de dimension réduite ramené à la taille de la ville), plein de vie avec, à côté de notre bateau, des voisins plaisanciers comme nous et une petite école de voile. Le port est malheureusement assez éloigné de la ville mais c’est une très agréable promenade le long du front de mer en longeant les anciennes fortifications de la ville qui nous emmène au centre historique. Cadiz est faite d’une multitude de petite ruelles, tellement étroites qu’elles laissent à peine passer la lumière. Nous nous promenons dans la ville sans nous lasser, et y retournons les jours suivants, sans but précis, juste pour le plaisir de marcher dans cette ville au passé historique si riche (porte d’entrée du « Nouveau Monde » par où transitait à l’époque de la colonisation espagnole tout le commerce avec les Amériques) et au climat si clément. Peut-être aussi qu’une partie du charme provient du fait que pour une fois nous avons le loisir d’errer sans l’obligation de chercher tel ou tel instrument ou ustensile nécessaire à équiper le bateau. Nous allons y flâner quatre jours sans voir le temps passer.


Nous traversons ensuite la baie en sens inverse pour retourner sur nos pas. Non pas que Tea ait oublié à nouveau son sac à dos dans la capitainerie, mais nous devons retourner à Rota pour réceptionner encore du matériel : une table pour remplacer celle actuelle, conçue il y a 5 ans par Roberto dans notre ancien appartement rue Véronèse, à même le tapis du salon, des pièces pour la radio, et un colis contenant livres d’enfant, cigares italiens de Roberto, thé et autres objets introuvables ici et que Jacques a eu l’amabilité de rassembler pour nous et de nous envoyer. Nous devons aussi acheter du tissu pour finaliser notre bimini, constitué pour le moment seulement d’une structure métallique. Les journées passent et les paquets tardent à arriver. C’est notre dernière escale technique et nous nous préparons à traverser le détroit de Gibraltar et à quitter l’Europe. Dernières courses dans supermarché européen pour remplir le bateau, n’oublions pas le vin car au Maroc cela risque d’être plus problématique. Nous sommes encore en pleine discussion quant à l’éventuel pratique du bakchich. Je suis pour nous y préparer et acheter quelques bouteilles d’alcool et de cartouches de cigarette, Roberto prône une position plus ferme ne souhaitant pas entrer dans ce genre de relations. Nous verrons bien …. Dans l’attente, nous passons des journées fort agréables ici. Nous avons même la chance d’assister à la procession annuelle de la Vierge de Carmen. Cette Vierge Marie, comme dans toute ville portuaire, occupe une place importante dans le cœur de ses habitants et cette procession est bien entendu l’occasion d’une grande fête dans toute la ville. En fin de journée, quand le soleil commence à décliner, la statue de la Vierge et toutes ses plus belles parures sorties spécialement pour l’occasion sont installées sur un socle en bois orné de fleurs et de cierges. C’est portée à dos d’homme, qu’elle passe la grande porte de l’église sous les acclamations de la foule. Une fanfare (qui joue une vraie musique de fanfare toute ressemblance avec des cantiques religieux serait fortuite) accompagne le cortège jusqu’au port où toute la ville l’attend pour la célébrer. C’est un mélange de célébration religieuse et païenne, les deux cohabitant apparemment le plus naturellement du monde. Cela me semble, à moi, enfant d’une république française laïque d’autant plus insolite, que je suis habituée à voir bannie de la vie publique toute manifestation religieuse. Tea a la fin de la cérémonie me demande « maman, elle est où la princesse ? ». L’atmosphère de fête va durer toute la nuit, mais là plus rien de religieux, juste la culture de la fête chez les espagnols qui se vérifie une fois de plus.

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